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Publié par Delphine E. Fouda

  Delphine E. FOUDA, africanindependent.com,18/09/2009. Ni les évènements douloureux qui ont marqué la vie des camerounais en février dernier, ni les tueries de Bamenda, Kumba, Abong-Mbang, Buéa et encore moins la destruction anarchique des habitations dans la ville de Yaoundé, n’ont pu sortir la Commission Nationale des Droits de l’Homme et des Libertés (CNDHL) de son mutisme. Drapée d’inertie, complice des exactions perpétrées sur les populations et silencieuse face aux dossiers compromettants mettant en cause des personnalités de la République, la CNDHL fait peser une lourde hypothèque sur les droits de l’Homme au Cameroun. Malgré les financements qui lui proviennent aussi bien  du contribuable camerounais que des organismes partenaires tels que le PNUD, l’Unicef et les représentations  diplomatiques, la CNDHL demeure figée dans un immobilisme conspirateur. Rien d’étonnant en cela, dès lors que ses rapports sont censurés selon l’orientation que Biya souhaite leur donner

Plus de 03 mois de salaire impayés au personnel de la CNDHL, trafic d’influence, discrimination, licenciements abusifs, non traitement des dossiers compromettants, gestion calamiteuse et distractions des fonds, la CNDHL croupit sous le poids des tares.

Le personnel employé grince des dents pendant que quelques responsables - notamment le président de la CNDHL et ses préférés- organisent des séminaires budgétivores.

En outre, ni les évènements qui ont douloureusement marqué la vie des camerounais en février dernier, ni les tueries de Bamenda, Kumba, Abong-Mbang, Buéa et encore moins la destruction anarchique des habitations dans la ville de Yaoundé, n’ont pu sortir la CNDHL de son mutisme.

Celle-ci avait pourtant reçu mandat lors de sa création (selon les textes fondateurs) de « procéder à toutes les enquêtes et investigations nécessaires sur les violations des droits de l'homme et des libertés ».

Comment comprendre qu’une institution nationale censée protéger les droits des faibles se rende complice de toutes les exactions commises sur son sol ?

Il n’est donc point inintéressant de se pencher sur cette Commission qui au fil des ans, se révèle être un pantin politique au service d’un système extrêmement nuisible à la nation camerounaise.

Répondant d’une manière fourbe aux diverses interpellations d’un peuple écrasé par l’injustice et assoiffé de démocratisation, Paul Biya avait alors créé  le 08 novembre 1990 le Comité (devenu Commission en 2004) National des Droits de l'Homme et des Libertés. Il n’est donc pas étonnant que le président de la commission, nommé par le président de la République comme tous les autres membres, se sente totalement intouchable malgré les nombreux griefs qui lui sont faits.

En effet, Chemuta Divine Banda, président de la CNDHL, recevait en novembre 2007 une demande d’explication du cabinet civil de la présidence sur des problèmes internes relatifs au fonctionnement de la Commission.

Signé de Jean Baptiste Beleoken, Directeur dudit cabinet, le document d’une quarantaine de pièces jointes est resté sans suite.

De même la Direction générale des renseignements avait initié des enquêtes au sein de la CNDHL, et elles n’ont jamais abouti.

Selon les indiscrétions émanant des coulisses, Chemuta Divine tiendrait son apparente ‘’immunité’’ de ses parrains Yang Philémon, vice Secrétaire général à la présidence de la République et de Ephraïm Inoni, premier ministre.

Une marionnette au service d’un gourou


Si un grand nombre d’auteurs de crimes sont restés jusqu’ici impunis, les raisons sont simples. Dans le décret fondateur (article 8) de la CNDHL, celle-ci ne doit remettre qu’au seul chef de l’Etat son rapport annuel sur l'état des droits de l'homme et  le bilan de ses activités. Elle ne doit en aucun cas les rendre publics. Ce qui la rend totalement dépendante de celui qui lui a donné vie et également libre de gérer les dossiers épineux selon les affinités relationnelles.

C’est le cas du dossier des commissaires qui avaient été révoqués de la police pour des raisons qui sont restées jusqu’ici obscures.

Le Haut commissariat pour les réfugiés (HCR) avait saisi la CNDHL pour apporter plus de clarté sur cette scabreuse affaire qui fît couler beaucoup d’encre et de salive.

En effet la décision du délégué à la sûreté nationale Edgar Alain Mebe Ngo’o de radier de la police, Junior Christophe Zogo, Albert Léopold Ebene et Kergnine Kerbaï était empreinte d’une note de règlements de compte.

Mais Chemuta Divine Banda crut plutôt bon de ‘’sauver sa tête’’ en ne donnant aucune suite aux interpellations du HCR, qui est bien un organisme des nations unies.

Des sources internes dignes de foi révèlent que, pour des cas de violations dont la Commission est saisie, les dossiers impliquant de hauts cadres de la République sont purement et simplement déchirés, non sans que les mis en cause aient habilement été prévenus des faits qui leur sont reprochés.

Les plaignants sont alors contraints à la résignation face à l’inertie de l’institution des droits de l’Homme vers laquelle ils se sont tournés avec espoir.

S’il faut reconnaître qu’en juillet 1999 le comité (aujourd’hui Commission) s’était résolu à rendre public un bilan quinquennal de ses activités ainsi que deux rapports annuels envoyés au président, il est important de signaler que jusqu’à ce jour, les rapports présentés au public ne le sont qu’après validation du président de la République.

Ceux-ci sont donc au préalable censurés, selon l’orientation que Biya souhaite leur donner. La CNDHL reste pour ainsi dire une grosse farce servie aux diplomates et au peuple camerounais.

Il devient ainsi évident que le mutisme de la CNDHL face aux violations des droits de l’Homme, même les plus dramatiques, est une conspiration du plan chaotique établi pour le Cameroun.

On se souvient encore si bien des essais Ténofovir/Viread sur des prostituées en 2004-2005. Avec l’accord du gouvernement camerounais (par le biais du ministère de la Santé publique), le laboratoire Gilead avait utilisé des prostituées camerounaises comme cobayes.

N’eut- été la pression qu’avaient exercé de nombreux activistes s’insurgeant contre une telle pratique, l’ex ministre de la Santé publique, Urbain Olanguena Awono(aujourd’hui en détention pour malversation) n’aurait  suspendu ces essais. La CNDHL, quant à elle, s’était murée dans un silence complice.

Gestion calamiteuse…

L’exception ne faisant point la règle, le secrétariat de la CNDHL est à l’instar du système qui l’a conçu, le siège par excellence de l’ignominie où, concupiscence, pratiques de sorcellerie et complaisance se serrent les coudes.

Les recrutements se font par affinité, selon que l’on est proche du président de la Commission ou du chef de division de la protection des droits de l’Homme, Mme Eva Etongue Mayer. Les mauvaises langues prêtent à ces deux responsables des relations charnelles de luxure.

La CNDHL se veut avare en avis de recrutement pour informer les nombreux citoyens désireux de postuler. La procédure de  recrutement n’obéissant qu’au critère de filiation, ainsi peut-on noter que Mme Eva Etongue se retrouve avec un nombre important de membres de sa proche famille : Mme Béatrice Ngando Ntui (cousine de Mme Eva), chef de service de l’Administration ; Mme Dylis Nkeng (belle-sœur de Mme Eva, épouse de son frère aîné), ingénieur agronome de formation, chef de service du courrier; Mme Olive Mpongo (cousine de Mme Eva), chargé d’Etude assistant n°3.

La CNDHL est en réalité une vraie épicerie familiale et un centre de népotisme, à moins évidemment qu’ils s’y soient tous retrouvés là par un coup du destin.

Entre autres dysfonctionnements relevés à la CNDHL : des licenciement abusifs. Les cas de Marcel Kuna et de Jeanne Ongbassilek sont patents.

Le premier fut licencié  en avril 2007 pour essai non concluant, alors même qu’il venait de passer six mois et 10 jours à la CNDHL. Il  y avait été recruté définitivement comme chargé d’étude assistant avec un contrat d’embauche. Selon le code du travail camerounais, la durée de l’essai est de 3 mois renouvelable une fois. Marcel Kuna n’avait pas été notifié au bout des 3 premiers mois que son essai était renouvelé. Il était simplement embauché avec un contrat en guise de preuve. Pourquoi a-t-il fallu que les responsables de la CNDHL se servent d’une raison aussi saugrenue en parlant d’un essai non concluant ?

Jeanne Ongbassilek, temporaire durant 2 ans à la Commission (2004-2006) s’était vu retirer son contrat subrepticement une vingtaine de minutes après sa signature. En effet, la signature du contrat dont elle garde encore une copie, la confirmait  après deux années passées dans ces services. Elle était sortie du bureau du président de la Commission toute radieuse avec son contrat d’embauche, mais désagréablement surprise lorsqu’elle fut rappelée par ce même chef  qui lui demandait de lui remettre. Puis il lui avait été demandé de rentrer chez elle et d’attendre qu’elle soit de nouveau convoquée. Depuis lors, elle continue d’attendre.

Au final, si la CNDHL se targue d’être ‘’une institution nationale indépendante de consultation, d'observation, d'évaluation, de dialogue, de concertation, de promotion et de protection des droits de l'homme’’, il n’en demeure pas moins vrai que son bilan reste mitigé.

Une visite sur son site web illustre parfaitement l’inertie qui frappe l’institution. La rubrique flash info nous annonce encore que ‘’ la cérémonie de lancement officiel du site web de la CNDHL se tiendra le 5 février 2008 à la chambre de commerce à Yaoundé. La cinquième session ordinaire de la CNDHL aura lieu le mercredi 26 mars 2008’’…

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